BLED
The gaze look into the camera demonstrates a consciousness that there is someone looking back before the images were created.
(Siegfried A. Fruhauf)
« Kinan di leid wider bled schaun heid / kinan di leid wider bled schaun. »*
This couplet, which is repeated like a mantra, forms the textual structure of BLED by the group Attwenger. In the course of the song it successively condenses into a loop which is underlined by the rumbling rhythm and the merciless electronic and accordion passages. Almost like a prayer wheel the invocation wobbles until its meaning and intonation begin to dissolve in the acoustic environment.
A similar process takes place on the visual level. Beginning with a shot of a man´s head (that of the filmmaker) which turns slightly to face the viewer, Siegfried A. Fruhauf alters the film in a number of steps. The picture dissolves into its grain, digital crosshatching or self-reflection, concluded by reworking in the style of drawing and painting with oil applied thickly and gesturally: The gaze into the camera – the faux pas which ruins the classic fiction-film shot – is visually disassembled, as a result of which this ur-scene of a break with fiction begins to decompose in a rhythmically eloquent manner. In all these variants the head is repeatedly dismantled into material textures that form a kind of formal structure underlying the concrete object.
"Look stupid" means, in the Austrian vernacular, not only to lose out, but also to stand around with gaping mouth, to wear a facial expression which incites aggression. Fruhauf works with the literal meaning of the latter to create a visual counterpart, which could be said to defuse this look. All stupidity is limited by sufficient deformation.
(Christian Höller)
Translation: Steve Wilder
* Können die Leut´ wieder blöd schauen heut´ / können die Leut´ wieder blöd schauen
(they´ll look stupid again today / they´ll look stupid again.)
BLED; texte française
« Kinan di leid wider bled schaun heid / kinan di leid wider bled schaun. »* Cest un distique répétitif aux allures de mantra qui constitue la trame textuelle de bled, un morceau du groupe Attwenger. Un distique qui, tout au long du morceau, ne cesse de sétoffer pour finir par former une boucle que viennent encore renforcer un rythme bancal et des passages daccordéon ou de musique électronique semés ça et là au petit bonheur. Un peu à la façon dun moulin à prières qui ne tournerait pas rond, cette formule invocatoire se répète jusquà ce que sa signification, tout comme son intonation, se mettent à se dissoudre peu à peu dans larrière-plan sonore.
Cest un processus similaire qui se déroule au niveau de limage. À partir du portrait dun homme (le réalisateur lui-même) dont la tête se tourne lentement vers lobservateur, Siegfried A. Fruhauf entreprend toute une série de transformations : dissolution de limage filmée dans son propre grain, effets numériques de hachures ou dautoréflexion et, finalement, traitement dans un style qui évoque le dessin et une peinture pâteuse prestement exécutée au couteau. Alors que le regard posé sur la caméra (le fameux faux-pas qui, dans le cinéma classique, invalide la prise de vue) est décomposé sur le plan visuel, cette scène fondamentale de la rupture avec la fiction fait lobjet dune désagrégation qui participe dune grande éloquence rythmique. Dans toutes ses variantes, la tête se voit à chaque fois débitée en textures matérielles qui dessinent une sorte dossature formelle apparaissant derrière lobjet concret.
En allemand dialectal, « blöd schauen » ne veut pas seulement dire « regarder bêtement sans réagir », mais surtout « bayer aux corneilles » en affichant une mimique qui provoque lagressivité. En prenant cette tournure au premier degré et en lui apposant un équivalent visuel, Fruhauf retire à ce regard toute son expressivité. Si elle est déformée de façon appropriée, toute forme de bêtise a elle aussi ses limites. (Christian Höller)
* Können die Leute wieder blöd schauen heut / können die Leute wieder blöd schauen (Cest fou, ce que les gens peuvent avoir lair con, aujourdhui / cest fou, ce que les gens peuvent avoir lair con)
BLED
2007
Austria
3 min