Block-1

En1994, j’ai acheté un petit caméscope Hi8, alors que je n’avais pas l’intention d’en acheter un puisque j’avais déjà une grosse caméra vidéo. La grosse caméra était très bien, mais elle était trop grosse pour qu’on puisse l’emporter en promenade. Elle n’avait pas non plus de pattes, pour qu’on puisse l’emmener en laisse comme un chien. La petite caméra, par contre, était comme un bébé qu’on peut mettre dans sa poche. Le vendeur a été étonné de me voir embrasser le bébé caméra au moment où il me l’a remis. Je suis immédiatement parti en promenade avec la caméra. J’étais enchanté, parce je pouvais filmer tout ce que mes yeux rencontraient. Le bébé caméra était comme une arme, il était par ailleurs avide de nourritures filmées.
En 2004, la grosse caméra était morte depuis longtemps, mais le bébé caméra était encore en vie. J’avais filmé des heures entières. Des scènes discursives en forme de journal intime et toutes sortes de réflexions structurelles, dont j’ai toujours supposé qu’elles pouvaient servir à stimuler la pensée. Du printemps 2004 à l’automne 2005, je me suis attaché à visionner systématiquement, en plusieurs étapes, les cassettes vidéo que j’avais à peine regardées jusque-là. Certaines m’ayant moi-même beaucoup surpris, j’ai sélectionné de nombreux plans. Au cours de l’été 2006, Bertram Hellermann, de Fisch-Film-Linz, m’a aidé à distiller, à retravailler et à mettre en ordre tout le matériel que j’avais filmé. Avant de parvenir à la version définitive, nous avons conçu trois versions différentes. Nous avons essayé de traiter les scènes de telle sorte qu’il en résulte une tension constante, afin d’éviter que la succession des plans, saisis à l’origine sans aucun ordre cohérent, ne paraisse par trop anecdotique. La bande-son a acquis de ce fait une importance toute particulière. C’est toujours Bertram qui avait les meilleures idées, lorsqu’il commandait l’ordinateur à l’aide de la souris. Quand une scène, après avoir été retravaillée, me paraissait bonne, je disais « oui » quand je pensais qu’il fallait que je dise « oui ». C’est ainsi que nous avons réalisé 38 scènes. (Dietmar Brehm)

traduction : Claude Manac’h

1-Le téléphone et personne ne décroche, alors que la caméra se penche, menaçante, sur un basilic 2-Main jaune/bruitages électroniques 3-Dimanche matin à la fenêtre 4- Flashs de l’écran de télé/jolie musique/bruits de roulette de dentiste 5-Linz/atmosphère d’orage/carte météo à la télé 6-Le Schafberg/structurel 7-Au Schwarzensee/violet 8-Ombre jaune d’une fenêtre 9-Brassard d’aveugle 10-Corbeaux/Velvets en boucle 11-Essai de lunettes 12- Souvenir de chute instantanée 13-Ampoule/poing 14-Au Schwarzensee/bleu 15-Orage 16-Mouche 17-Moi/urinoir/Jésus 18-Doigt ensanglanté 19-Vue de détail du jardin 20-Mystery Child 21-Bruce Lee 22-Stuttgart 23-Vienna Hilton 24-Lutte (Pöch) 25-Lumière rouge 26-Accident 27-Défilement de flammes 28-Alarme 29-Collages de Bowie 30-Lucky Strike/soleil 31-Télé floue a/b 32-Œil de cadavre 33-Télé, reflets idylliques 34-Repas 35-Au Bärenstein/rouge 36-Buissons/eau 37-Ânes pendus 38-Étoiles du Schwarzensee